Cerebus TPB 2 : High Society (#26 - #50) de Dave Sim
Et hop, deuxième bottin terminé.
En dehors du fait que les intentions de Dave Sim
changent du tout au tout, j'appréhendais un peu tout le côté politique
dont on m'avait parlé : "ouais ça va être ronflant, je vais rien
comprendre, j'ai plus qu'à me servir du bouquin comme cale-porte (ou
pour les interrogatoires de mon futur métier d'inspecteur des impôts)".
Que nenni ! C'est juste passionnant de bout en bout !
Alors je suis
certain d'être passé à côté de quelques trucs tellement c'est le bordel
avec toutes ces malversations électorales, ces alliances économiques et
ces manipulations à gogo. Mais pourtant, ça a beau ne pas être mon dada
du tout (je préfère la belote), je me suis surpris à enfiler les 500
pages à vitesse grand V (pour vélociraptor). On pourrait croire que ça
fait un peu beaucoup pour raconter la montée au pouvoir d'un nain gris,
que ça doit être vachement décompressé, mais encore une fois on se
trompe ! C'est incroyablement dense, bourré d'informations, de
dialogues juteux, de personnages hauts en couleur aux accent à couper à
la machette (ça a fait partie de mes plus grosses difficultés de
compréhension d'ailleurs) et d'humour irrésistible parfaitement intégré
au récit.
Dans la partie qui précède l'élection, je voyais pas trop où Sim voulait en venir tellement le placement des pions se fait de manière naturelle, sans sur-explications qui auraient alourdi le propos. En cela, Astoria est un perso plutôt ambigû, accompagné du Cockroach qui se fait désormais appeler Moon Roach, en référence à Moon Knight, et enchaînant connerie sur connerie pour les yeux de la belle. S'ensuivent les élections avec les candidats (Cerebus contre le bouc de Lord Julius ! Un combat acharné et sans pitié) qui vont démarcher un à un les différents comtés pour obtenir des votes. Tout ça en dit long sur les diverses manoeuvres politiques et ça débouchera sur un suspense insoutenable et hilarant lors du décompte des voix avec le poids faible de la balance préparant tour à tour sa fuite à chaque annonce pour échapper au courroux de son adversaire.
La dernière partie relate
les déboires de Cerebus une fois au pouvoir (oui bon, c'est lui qui a
été élu, pas besoin de le cacher), et des déboires il y en a, ce qui va
vite faire déchanter sa Seigneurie d'être devenu aussi puissant.
Batailles économiques, idéologiques et guerrières, la vie de Premier
Ministre c'est pas de tout repos. Un de mes passages préférés étant le
colloque entre Cerebus, Lord Julius et son cousin sosie de Chico Marx
(sa façon de parler étant super bien retranscrite, j'avais l'impression
de mater un de leurs films) dont le but est de décider la façon de
partager les terres. Toute cette partie étant au format à l'italienne,
chose qui me gêne toujours parce que je trouve ça chiant à lire (je
sais jamais dans quelle position me mettre, compatissez
s'il-vous-plait) mais l'histoire étant plus que prenante, c'est
vraiment accessoire. Et en plus c'est loin d'être gratuit, Sim utilise à bon escient ce format pour amener tout plein d'idées sympas.
Graphiquement,
c'est fabuleux, Sim n'hésitant jamais à expérimenter, triturer ses
cases, sa mise en page, sa narration, il ne cède jamais à la facilité
(ou rarement) et à chaque fois ça fonctionne parce que ça rend la
lecture très dynamique. C'est aussi pour toutes ces raisons que c'est
agréable à lire. Car ça aussi c'est important : j'ai rarement été aussi
ravi à la lecture d'une bande dessinée, mon enthousiasme grandissait au fur et à
mesure que le récit avançait, et pourtant c'était pas gagné vu le
sujet. Tout le long, j'avais l'impression de lire un truc gigantesque
sans pouvoir expliquer pourquoi.
Je vais quand même me calmer un peu pour pas bouffer ça trop vite, ce serait dommage (mais j'ai déjà commandé les 4 suivants).