Cerebus TPB 1 (#1 - #25) de Dave Sim
Ayé, j'ai fini le premier bottin de Cerebus.
Malgré la technique grossière des premières histoires, la parodie du Conan le barbare de Robert E. Howard prend plutôt bien, en grande partie grâce au talent de conteur de Dave Sim.
On suit donc les aventures de Cerebus l'oryctérope, mercenaire
misanthrope plutôt malin et très bagarreur, qui voyage de ville en
ville pour glaner un peu d'argent. Combat contre magicien, quête
d'objet précieux, bataille épique, tous les poncifs du genre y passent
sans qu'on s'ennuie même si ça n'a rien de franchement extraordinaire.
Certains personnages importants pour la suite nous sont déjà introduits
comme Elrod l'albinos, The Cockroach, Red Sophia ou encore Jaka. Mais
dès le milieu de ce premier volume, il se passe un truc. On sent que Dave Sim
veut sortir de ce carcan classique pour proposer quelque chose de plus
personnel. L'arrivée de Cerebus à Palnu, story-arc en trois parties,
lance le ton : le découpage commence à se faire plus élaboré, les
dialogues prennent une grande place dans l'histoire, l'aspect politique
pointe le bout de son nez et la psychologie des personnages devient de
plus en plus développée.
Lord Julnius, maire de Palnu, est présenté comme un tyran par les villageois mais Dave Sim en fait un doux-dingue excentrique, alter-ego de Groucho Marx
avec cigare aux lèvres et répliques cinglantes, qui malgré les
apparences est loin d'être dupe. Et Cerebus se mettra à son service
pour déjouer les plans d'anarchistes visant à le destituer de son
trône. Ici, le dictateur est un bon bougre et les héros du peuple des
fanatiques sans cervelle. N'ayant aucun principe en dehors de l'argent,
Cerebus ne verra aucun problème à ensuite rejoindre une armée ennemie
de Palnu pour mettre la ville à feu et à sang. Le perso principal
diffère donc de ce qu'on a l'habitude de voir (enfin si on remet dans
le contexte de l'époque) et joue beaucoup dans l'intérêt de la série
qui est tout sauf manichéiste.
L'humour
n'est pas en reste et
occasionne parfois des ruptures de ton de bon aloi, comme dans le
dernier arc du bouquin avec un Professeur Charles X. Claremont (ça me
rappelle quelque chose) plutôt inquiétant dans sa volonté d'assouvir le
monde avec sa créature démoniaque nommée Woman-Thing (again) qui va
avoir affaire avec une autre créature nommée Swup-Thing (ter). Dit
comme ça on est loin du fou rire digne d'un coussin péteur (moi
j'adore) mais croyez-moi, ça vaut le détour. A vrai dire, l'humour
passe avant tout par les personnages et les dialogues : Elrod l'albinos
qui croit être
le meilleur en tout, Lord Julius bien évidemment, Graus le barbare
germain pas fût-fût.... Le contraste entre les situations graves et les
individus qui progressent à l'intérieur donne alors lieu à quelque
chose d'unique.
L'humour n'est jamais aussi puissant que lorsque qu'il est traité de façon sérieuse.
Bref, je vais entamer la suite avec High Society,
long arc de 25 numéros (alors que jusque maintenant on avait affaire
qu'à des stand-alone ou des arcs de 3/4 épisodes maxi), qui annonce
véritablement ce que va être Cerebus jusqu'au #300. Les choses sérieuses commencent.
Par
contre, je risque de mettre un bon bout de temps avant de finir tout ça
vu le prix des bouquins (et surtout la longueur de la chose : 6000
pages, c'est pas rien). Faudrait que Dave Sim meurt un bon coup pour que la série passe dans le domaine public (c'est sa volonté).
P.S : entre le #1 et le #25, on passe de ça à ça (et Gerhard n'a pas encore été engagé pour dessiner les décors) :
D'abord
Ensuite
Pour en savoir plus sur Cerebus, ce site est un bon début :
http://www.cerebusfangirl.com/